vendredi 9 novembre 2012

Je ne suis pas une pornstar

Une femme, dans la vraie vie, ce n'est pas une pornstar. Ce n'est pas non plus un personnage de télésérie ou de téléroman. Et, non plus, ce n'est pas l'héroïne d'un film, ni même un personnage de soutien ou une figurante.

Concrètement, ça veut dire que:

- Si je me couche maquillée du front au menton, personne ne veut me voir le matin, moi compris. Je ne serai plus maquillée de façon aussi jolie que quand je me suis endormie. Impossible.

- Je ne me promène pas dans la maison avec des escarpins. Jamais.

- Quand je me lève le matin, j'ai les cheveux en bataille. Pas en bataille awwwwwwcuteeeee. Nenon. En bataille pour vrai. Écrasés d'un bord, à moitié frisés de l'autre.

- Je n'ai pas toujours les jambes et les aisselles hydratées et fraîchement épilées. Quand je vais à la salle de bain, je ne sors pas systématiquement la crème épilatoire et/ou hydratante, pour être certaine.

- Je ne suis pas née avec du cache-cernes sous les yeux.

- S'épiler, ça peut faire mal. Les sourcils et le bikini, c'est douloureux. Essayez, voir. Ça se peut que je saute une journée. Ou deux.

- S'épiler, ça peut faire mal. L'anus, c'est juste no no. Au rasoir, à la cire, au laser, au sucre de pays, whatever. Non.

- Parlant d'anus, il n'y a que les pornstars qui se le font blanchir.

- Comme tout être humain, j'ai des poils disgracieux qui poussent à de drôles d'endroits. Je sors la pince à sourcils et je leur fait la guerre dès que je les vois, mais je ne les vois pas toujours. Pouvez-vous vivre avec?

- Parfois, il arrive qu'un pustule fasse son nid sur ma fesse. C'est pas chic, j'en conviens. Mais je fais quoi? Chirurgie de la fesse?

- Parlant de pustules, l'épilation peut, parfois, favoriser leur éruption. Boutons ou poils?!

- Quand je m'enferme dans la salle de bain, ne me demandez pas ce que je fais. Ça ne regarde que moi et si je prends la peine de m'enfermer dans la salle de bain, c'est probablement dégradant ce qui s'y passe.

- Non, mes sous-vêtements ne matchent pas toujours.

Quand on dit « faut souffrir pour être belle », vous, les hommes, ne pouvez pas comprendre. Vous ne pourrez jamais comprendre. C'est d'même.

Aimez-nous donc comme nous sommes: avec nos p'tits poils, nos p'tits boutons, notre teinture qui est due, nos sourcils pas toujours frais épilés, nos jambes qui piquent des fois, nos varices et nos vergetures.

Peut-être qu'on sera aussi plus compréhensives au sujet de votre calvitie naissante, de votre bedaine de bière(s), de vos bas qui traînent - et qui puent, de votre barbe qui pique et de vos oupsj'aipétépisçapue! ...?

Et surtout... peut-être que nos p'tites filles vont arrêter de se sentir grosses et laides parce qu'elles ne ressemblent pas aux filles dans les magazines?

J'ai volontairement écrit ce texte au «je», mais je crois que plusieurs femmes se reconnaîtront dans certaines affirmations... Sinon, vite, à l'agence de casting!


mardi 6 novembre 2012

Entre les deux, mon coeur balance

Je suis une remetteuse en question chronique. Je me pose des questions à m'en taper sur les nerfs. Je réfléchis toujours. J'incertainise obsessionnellement. Ma vie est pleine de et si et de oui mais.

J'aimerais mettre tout ça sur pause, des fois. Et si je prenais une mauvaise décision pendant que la machine à questions est sur pause? Oui mais en même temps, je ne le saurais pas...

Voyez le genre.

Si hésiter était un sport olympique, je serais 376573865 fois médaillée d'or. Au moins.

Pourtant, quand je me décide, rien ne peut m'arrêter. Le mot clé est quand.

J'ai quitté volontairement 3 fois un emploi. Sans parachutes (lire sans argent mis de côté et sans emploi qui m'attendait...). J'ai quitté des relations dans lesquelles le doute prenait toute la place. Je suis partie de chez mes parents à 16 ans.

Je ne peux pas dire que je sais ce que je veux. J'en n'ai aucune idée. Je suis déterminée, par contre.

Déterminée à pas savoir ce que je veux, à hésiter pour le reste de ma vie, à assister au combat éternel entre ma raison et mes émotions, en tant qu'arbitre.

En plus, je reviens rarement en arrière. Mon incertitude est teintée d'orgueil et de dignité. Ça lui donne une drôle de couleur. Je peux dire que je me suis trompée. J'en suis capable. De là à changer d'idée...

Oui, entre les deux mon coeur balance. Entre les deux ma tête hésite.

Et le bouton pause est brisé.

Tant pis.


lundi 29 octobre 2012

L'oeil de l'image

Je ne suis pas du type vantarde. Je suis humble. Trop, parfois.

Par contre, je sais que j'ai l'oeil. Ça vient de mon tempérament artisssstique. Il me fournit au moins 1000 défauts, ce beurk de tempérament, mais il me fournit aussi 2 ou 3 qualités. Rien pour équilibrer, mais assez pour colorer ma personnalité.

Une de ces qualités, c'est mon oeil. L'oeil de l'image.

J'ai envie d'explorer, caméra en mains. J'ai envie d'immortaliser, de rendre encore plus beau, de faire sourire.

Je n'ai ni les techniques ni la caméra super méga géniale qui fait tout sauf passer l'aspirateur.

Mais j'ai l'oeil. Et ça, ça ne s'apprend pas et ça ne s'achète pas.

Clic.





dimanche 28 octobre 2012

L'hypochondrie du pas-de-nicotine


Le problème, quand on a étudié en psycho, c’est qu’on devient hypocondriaque du mental. Ce doit être la même chose pour les médecins. Ou les infirmières. Chaque symptôme est connu. Chaque symptôme mène vers une maladie mortelle. Moi, j’ai étudié en psycho. Chaque symptôme mène vers une maladie mentale.

J’ai arrêté de fumer. Mercredi. Ça fait 120 heures.

Ça fait 120 heures que je dors peu. J’insomnise le sevrage.

Ça fait 120 heures que je mange bien. Parce que ça va avec. Le lien est évident. Comme si là, ça valait la peine.

Et surtout, ça fait 120 heures que j’hyperactive. Nerveuse, j’ai le cerveau qui va dans tous les sens et ce besoin incontrôlable de bouger. J'active mon corps intensivement pendant au moins 2 heures par jour. Parfois plus. Je bouge. Faut que. Cardio tae boxe. Zumba. Fitness-pour-les-gros. Badminton. Marche. Musculation. Faut. Bouger.

J’ai tous les muscles endoloris. Même ceux-là. Oui, ceux-là aussi. Je ne dors toujours pas. Ou peu. Ou pas bien. Mais je mange du vert et des fruits. Même des fruits verts. Beaucoup de vitamines et de bon pour la santé.

J’ai les muscles courbatus. J'ai une cernite. Je suis névrosée de la nicotine. Je suis psychosée de la salade. 

Mais je ne fume plus. Je n'aurai pas le cancer. Comme ça, quand je serai à l'asile, je n'aurai pas besoin de chimio. C'est déjà ça de pris.

mardi 23 octobre 2012

Le masque

Quand on me regarde, on a l'image d'une femme solide. Une femme calme et en contrôle. Au-dessus, un peu, aussi. Occupée, entourée, équilibrée. C'est l'image que je veux projeter. J'ai choisi ça. Chaque matin, je remets mon masque. Il y a des soirs où j'oublie même de l'enlever. C'est devenu une deuxième peau. Parfois il tombe tout seul. La vulnérabilité que ça provoque est tellement grande, tellement souffrante, comme une brûlure aux 3ème degré à découvert. Je me dépêche de tout remettre, je prends une grande respiration, je relève le menton et je souris.

J'étais toute petite quand j'ai commencé à porter ce masque. Quand j'ai compris que j'étais différente, que je grandissais dans un milieu différent. Aujourd'hui, je peux dire disfonctionnel. À 6 ans, je disais différent. Ça revient au même, c'est aussi fucké un que l'autre.

Mon masque, c'est ma combinaison de super héros. Invincible et indestructible, j'ai sauvé le monde. J'ai sauvé mon monde. L'alcoolisme de mon grand-père, l'anxiété de ma grand-mère, la double vie de mon père, les dépressions de ma mère. Ils avaient besoin de moi. Ils avaient besoin que je sois leur super héros. Ils n'avaient pas besoin de voir que sous mon costume, j'étais juste une petite fille trop sensible.

C'est encore cette petite fille trop sensible qui se cache derrière mon masque. Je n'ai jamais grandi. J'ai agrandi mon costume. Je sauve encore le monde. D'autre monde. Mes proches sont sauvés. Je sauve le monde pour gagner ma vie. 

Chaque matin, je remets mon masque. Chaque matin, quand je me regarde dans le miroir, je vois une femme solide, calme, en contrôle, au-dessus de ses affaires, occupée, entourée et équilibrée.

Chaque soir, je suis une petite fille qui pleure.

Il est temps de grandir.

lundi 22 octobre 2012

Un jour, je suis née. Ensuite, on verra.

Un jour, je suis née.

Parce qu'il faut bien commencer quelque part. Moi, j'ai commencé un 15 octobre. C'était en 1975. Mes parents n'avaient rien des peace and love de l'époque. Ils étaient straight et conventionnels. Ils le sont encore. Sauf qu'ils ne sont plus un couple. Ils l'ont été une quinzaine d'années. Sans s'aimer vraiment. Jusqu'à ce que mon père en aime une autre. Il l'aime encore d'ailleurs, l'autre. Elle va mourir du cancer. L'autre, là. Pas ma mère. Ma mère dit que c'est le karma.

Mon père, à ma naissance, parce que c'est là que tout est parti, a dit que j'étais laide. C'est peut-être pour ça qu'il a toujours été loin de moi. Peut-être que c'est parce qu'il n'aimait pas ma mère aussi. Je sais pas. Je ne me rappelle pas de beaucoup de choses concernant ma naissance. Mais ma mère m'a raconté. Elle, elle me trouvait belle. Elle voulait m'appeler Adélaïde. Peut-être qu'elle ne me trouvait pas si belle que ça au fond. Mon père, lui, voulait m'appeler Mélanie. Ils ont fait un compromis. Isabelle.

Donc, en résumé, je suis Isabelle et il y a maintenant 37 ans que tout a commencé pour moi. Un avant-midi d'automne. Doux, il paraît. Avec un gros soleil. C'est peut-être ça qui explique que ma saison préférée c'est l'automne. Ça doit me rappeler ma naissance.

Ce fut la seule naissance issue de mes parents. Je suis unique. Je me suis toujours sentie unique, aussi. Un peu bizarre, même. Marginale. Bourrée de paradoxes inexplicables. La tête remplie de bébittes, l'âme teinté de plein de fantômes. Des fantômes-clowns et des fantômes-d'horreur.

Bref, un jour je suis née. Depuis, j'essaie de trouver un équilibre. Les mots font partie de mon équilibre. J'en n'écris pas assez. Pour mon anniversaire, je m'offre ce blogue. Sans balises, sans limites, sans pression. Parce que c'est un peu comme ça que j'aimerais vivre ma vie. Sans balises, sans limites, sans pression. Dans la vie, c'est pas possible. Ici, tout est possible. Du vrai, du faux, du inspiré, du banal, du plate, du rigolo. Whatever ce qui me passe par la tête.

On verra.

D'ailleurs, quand je suis née, je suis certaine que c'est ce que je me suis dit.

On verra.